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mercredi 16 décembre 2015

Luc Julia, l'électron libre français de Samsung

Luc Julia, l'électron libre français de Samsung
Il vit depuis vingt ans dans la Silicon Valley, est l'un des pères de Siri, l'assistant vocal de l'iPhone, a travaillé chez Apple, puis Samsung, où il est l'un des rares non Coréens à occuper un poste de vice-président… Le CV de Luc Julia est plutôt du genre fourni. Pourtant, sa principale fierté est sans doute d'avoir développé, au début des années 2000, Orb, un logiciel permettant de transformer son PC en véritable serveur multimédia, revendu depuis à Qualcomm. « Vétéran » de la Silicon Valley - il va fêter dans un mois ses cinquante ans, dans un milieu qui célèbre plutôt les vingtenaires ou les trentenaires - ce Toulousain est un électron libre, qui privilégie le plaisir et les projets à l'identité de son employeur…
Passé chez Apple, il a une image mitigée du géant. « Apple avait un génie à sa tête mais il ne l'a plus. » Un génie avec qui les relations n'ont pas toujours été faciles. « Il y a plusieurs années, j'ai présenté un projet à Steve Jobs, ma présentation devait durer une heure, il est parti au bout de douze minutes. Et le pire, c'est que quelques années après, il reprenait mon idée ! » Luc Julia ne lui en tiendra pas rigueur et sera débauché par le même Steve Jobs pour développer Siri. « Il n'avait sans doute même pas fait le lien ! », s'amuse-t-il.

« Comme des gamins »

Samsung et son management réputé rigide auraient pu l'effrayer. Son franc-parler n'est a priori pas très compatible avec la culture de la société… Mais le fonctionnement en mode start-up du centre d'innovation de San José, où il travaille avec une cinquantaine d'ingénieurs sous ses ordres, l'a convaincu de tenter l'aventure. « La volonté de développer des choses ensemble, c'est ce qu'il y a de plus important dans ce métier », rappelle-t-il. Avant de se remémorer son arrivée dans la Silicon Valley : « J'ai débarqué dans un événement au Xerox Parc. Tous les développeurs vedettes, sur qui j'avais écrit dans ma thèse, étaient là. Ceux d'IBM, de Xerox… Tout le monde discutait, échangeait. Ici, il y a certes de la compétition, on ne va pas échanger des secrets, mais il y a une volonté commune de créer, de développer des choses. On est tous comme des gamins. »
Electron libre, donc, le Français n'en demeure pas moins écouté, y compris dans les hautes sphères du groupe. C'est lui, par exemple, qui a insisté pendant plus de deux ans pour que Samsung investisse dans Sigfox. Il participe aussi au Samsung Catalyst Fund, un fonds d'investissement doté de 100 millions de dollars qu'accueille le centre d'innovation. Et il a pesé dans la décision de Samsung d'ouvrir cette année un centre de R&D à Paris.
Les Echos : 15/12/15

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