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dimanche 17 juillet 2016

L’Inria crée la bibliothèque d’Alexandrie des logiciels libres

Cette initiative vise à regrouper plusieurs dizaines de millions de programmes informatiques.

Pour 1,5 million d'euros sur trois ans, y compris le salaire des quatre chercheurs et de deux étudiants qui travaillent sur le projet depuis dix-huit mois, l'Institut national de la recherche en informatique et en automatique (Inria) a décidé de créer une sorte de bibliothèque d'Alexandrie de tous les logiciels libres, dont le code source est disponible publiquement (dit « open source »), depuis la naissance de l'informatique.

Le projet est baptisé « Software Heritage » (accessible via le site softwareheritage.org).

L'idée est de créer "une sorte de grand instrument à vocation mondiale". A terme, l'Inria va s'effacer  derrière sa création. Le logiciel est un « bien commun », explique Jean-François Abramatic, directeur de recherche à l'Inria et ancien patron du World Wide Web Consortium, la principale organisation d'Internet qui a contribué à créer des langages majeurs (html, xml, etc.).

Jean-François Abramatic est l'un des trois conseillers scientifiques de Software Heritage, aux côtés de ses collègues Serge Abiteboul, professeur à l'École normale supérieure, et Gérard Berry, professeur au Collège de France.

Cette initiative se justifie car de nombreux sites, souvent américains, avaient décidé de jouer ce rôle pour héberger les logiciels écrits collectivement, utilisables et modifiables par tous… jusqu'à ce que ces entreprises décident de clore cette activité par simple décision stratégique.

Le but de Software Heritage est donc de « collecter, organiser, préserver et partager les codes sources de tous les logiciels ». Cette bibliothèque pourra aider à gagner un temps considérable au développement d'applications de recherche, car il n'y aura pas la nécessité de recommencer à écrire ce qui a déjà été bien fait par d'autre.

Cette bibliothèque devrait également améliorer la qualité des travaux, car les chercheurs pourront comparer plus facilement leurs approches.

Software Heritage fédère déjà plus de 22 millions de projets logiciels, qui ont donné lieu à près de 600 millions de modifications et à 2,7 milliards de fichiers. Ces données occupent quelque 200 téraoctets (l'équivalent de 200 disques durs d'ordinateurs personnels).

Les logiciels sont hébergés par l'Inria et seront également dupliqués, en Europe, par Microsoft, converti au logiciel libre et partenaire du projet.

Toutes les autres entreprises informatiques au monde pourront contribuer à cette initiative majeure. L'institut Dans (Data Archiving and Networked Services) de l'Académie royale des arts et des sciences des Pays-Bas a décidé d'y participer. Bien sûr, Software Heritage, qui doit se muer en fondation, est ouvert à toutes les institutions et aux centres de recherches.

Maintenant que l'Inria a démontré que le projet est réalisable, il reste encore des détails techniques à finaliser pour permettre à tous d'accéder, en lecture seule, aux nombreux programmes qui y seront archivés. Cette prochaine phase devrait aboutir dans six mois. Plus tard, les programmes pourront aussi être directement téléchargés. Déjà, il est possible d'interroger cette base pour savoir si tel logiciel y est présent ou non. Un autre prolongement de cette bibliothèque pourra être celui du « dépôt légal » : un auteur (ou une entreprise) ne pourra plus revendiquer la paternité d'un logiciel écrit par d'autres auparavant.

Vu dans Les Echos (Marc CHERKI)

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