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dimanche 9 octobre 2016

Les trois grands freins à la voiture autonome

Extrait d'un article repéré dans Les Echos qui tente de tempérer l’enthousiasme sur la voiture autonome.

Malgré des progrès spectaculaires et l'optimisme des constructeurs, la voiture sans chauffeur n'est pas pour demain. La faute à la technologie, à la réglementation et aux conducteurs.

C'est, avec sa cousine la voiture électrique, l'une des stars du Mondial de l'automobile : la voiture autonome concentre l'attention des constructeurs, soucieux de ne pas se laisser damer le pion par Google.

Plusieurs d'entre eux ont annoncé leurs premiers modèles entièrement autonomes pour 2021 - autant dire demain -, et le cabinet McKinsey prévoit même qu'elles représenteront 15 % des ventes en 2030 avec à la clef une réduction drastique des accidents - à cette date, selon le BCG, 90 % des accidents en ville seraient évités.

Certes, les progrès ont déjà été considérables. Pourtant, depuis l'été, l'enthousiasme retombe, et certains spécialistes ne cachent pas leurs doutes sur un avènement aussi rapide que l'affirment certains constructeurs.

Deux principaux obstacles :

  • Pour être autonome, la voiture doit d'abord savoir se repérer. Ce que font les Google Car grâce à un lidar (laser de télédétection) posé sur le toit, qui scrute en permanence leur environnement dans toutes les directions. L'ordinateur de bord compare en temps réel ce paysage numérique avec la cartographie 3D embarquée et en déduit sa position. Mais cette solution semble impensable pour les futures voitures du commerce.
  • La détection des obstacles s'avère encore plus délicate. La portée actuelle des capteurs permet d'évoluer à faible vitesse, mais sont insuffisants au-delà de 100 mètres. Les logiciels sont conçus pour un nombre de cas limités, mais échouent devant les exceptions. Or, dans un environnement ouvert, on ne peut pas tout prévoir.

Laisser la route aux voitures autonomes exigera des évolutions dans plusieurs domaines. D'abord celui de la réglementation. Aux Etats-Unis, où chaque Etat légiférait de son côté, le gouvernement fédéral et l'agence chargée de la gestion des autoroutes viennent de prendre les choses en main.

L'Europe va plus lentement. Elle a déjà du mal à imposer le système eCall d'appel d'urgence automatisé.

Le monde de l'assurance devra lui aussi s'adapter. Certains acteurs commencent à proposer des contrats spécifiques et des primes en baisse aux automobilistes possédant des systèmes d'aide à la conduite. Demain, ils devront sans doute changer leur modèle économique. Car, en cas de sinistre, qui sera responsable ? Le propriétaire du véhicule, le constructeur, le concepteur du logiciel, voire le fournisseur du système de communication s'il s'agit d'une voiture connectée ? D'autant qu'avec la montée du modèle de l'autopartage il est possible que de nombreux utilisateurs ne soient plus propriétaires du véhicule…

C'est donc l'ensemble de l'écosystème bâti pendant des décennies autour de l'automobile qui sera à repenser.

Et si le principal obstacle à la voiture autonome était tout bonnement l'être humain ? Pas simple de lui trouver une place derrière un volant et des pédales qu'il utilisera moins, voire pas du tout.

Vu dans les Echos du 04/10/16 (Frank NIEDERCORN)

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