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samedi 20 août 2016

Tour du monde des villes qui bâtissent leur "Silicon Valley" : Allemagne (Berlin) (5/6)

Partout dans le monde, d'autres villes ont bâti leur propre Silicon Valley. Le Figaro Economie a fait le tour de certaines de ces villes.

Toutes les vingt heures, une start-up naît à Berlin. Le cliché veut qu'elles apparaissent sur un laptop en terrasse devant un « latte macchiato », un café au lait prisé par les Berlinois. Elles se créent plus sûrement dans des espaces de coworking ou bien simplement « dans un bureau » loué facilement et rapidement.

Avec l'économie digitale, la capitale allemande, « pauvre mais sexy » comme la décrivait il y a quinze ans l'ancien maire Klaus Wowereit, s'est forgé une identité économique à côté des grands centres industriels ou financiers comme Munich. Berlin entend désormais devenir la nouvelle « Mecque » du numérique. Avec un atout : son état d'esprit.

L'histoire a moins de dix ans, lorsque les premières entreprises du secteur s'installent à Berlin. Elles participent de la créativité qui caractérise la ville depuis la réunification du pays. Puis le boom intervient au tournant des années 2010. À ce moment-là, la « Silicon Allee » commence à se faire un nom. C'est Travis Todd, un trentenaire californien, amoureux d'une Berlinoise et conquis par la capitale allemande, qui a inventé le terme, en 2011. Alors qu'il cherche à créer sa propre entreprise, Buddy Beers, pour payer des verres à ses amis à distance, l'Américain, installé entre Schönhauser Allee et Torstrasse en plein cœur de Berlin, fonde un site d'information pour mettre en relation entrepreneurs et investisseurs : « Silicon Allee ». L'initiative débouche sur des réunions dans un bar, puis s'ouvre un espace de travail partagé.

Ce lieu emblématique a aujourd'hui cédé la place à d'autres, dans les quartiers de Mitte, Kreuzberg, Friedrichshain ou Neukölln. Aujourd'hui, c'est toutefois la Factory, parrainée par Google lors de son ouverture en 2014, qui incarne le dynamisme du secteur. On y trouve des entreprises leaders comme Twitter ou Uber, des start-up renommées, comme SoundCloud, fondée par deux Suédois, des créateurs de mode 2.0 comme le Londonien Ashley Marc Hovelle ou des idéalistes comme l'Autrichien Sebastian Stricker qui veut, avec ShareTheMeal, s'attaquer à la faim dans le monde. « La plupart des fondateurs des start-up de Berlin ne sont pas de Berlin », explique Udo Schloemer, le fondateur de la Factory.

La dynamique de Berlin tient d'une équation qui ne se retrouve nulle part ailleurs. En plein cœur de la ville, non loin des grandes universités, on pouvait louer d'immenses surfaces de bureaux pour des sommes modérées. Pour les jeunes créateurs, c'est une aubaine par rapport aux loyers londoniens ou parisiens. À Berlin, la vie est bon marché. Les salaires peuvent demeurer bas sans être rédhibitoires. Mais la ville attire ou retient les diplômés pour une autre raison : avec sa vie nocturne et artistique, ses parcs et sa simplicité, il y fait bon être jeune et créatif. Multiculturelle, Berlin est perçue comme la capitale la plus cool d'Europe. Dans la Betahaus à Kreuzberg, on mêle ainsi travail, café branché et fêtes durant la nuit.

Le secteur croit à hauteur de 3 % par an. Le capital afflue désormais. Première économie d'Europe, l'Allemagne offre par ailleurs un vaste marché de développement pour ces entreprises. Le gouvernement allemand a perçu le potentiel. Il envisage de créer un fonds de soutien de 10 milliards d'euros pour les start-up du pays afin de continuer à attirer les talents.

Vu dans Le Figaro du 12/08/16 (Nicolas BAROTTE)

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